Par Jérôme LOPEZ, Président de la CPME Isère

L’édito du Président – Octobre/novembre 2022

Jérôme LOPEZ,
Président de la CPME Isère

 

Dans une bonne logique de recherche d’explication, il y a le principe du : « A qui profite le crime ? »

Annonces du mois d’août :

  • L’état reprend 100% d’EDF producteur ultra majoritaire d’électricité
  • L’état ne lèvera aucun nouvel impôt pour combler le « quoi qu’il en coûte »

Sujet majeur de Septembre :

  • Les contrats d’électricité s’envolent de manière injustifiée et totalement insoutenable pour notre économie.
    A ma connaissance, les composantes d’un prix sont simples et connues : matière première, main d’œuvre, coût des investissements et du maintien de l’outil de production, rémunération des actionnaires.

Tout le reste n’est que spéculation.
Dans le cas de l’électricité, la matière première (vent, soleil, courant, uranium, …) n’a pas explosé en prix.

  • Les salaires des salariés d’EDF n’ont pas été multipliés par 1000.
  • La majorité des installations ont déjà été financées
  • La seule composante qui reste est donc la rémunération de l’actionnaire unique.
  • Les PGE qui ont sauvé les entreprises, sont ceux-là même qui vont les faire couler.

Toute entreprise qui va vouloir s’en sortir va augmenter ses prix de l’impact du surcoût énergétique et de l’impact de l’inflation salariale, entrainant une nouvelle spirale de hausse de prix des matières, puis des produits manufacturés, puis des biens de consommations et enfin des services.

Compte tenu de l’impact direct de la hausse des prix de l’énergie, le niveau de cette vague d’inflation programmé sera sans commune mesure avec les précédentes vagues. Pour tenir une vague d’inflation, il faut avoir de la trésorerie pour pouvoir continuer à s’approvisionner et à produire pendant les renégociations tarifaires.

Le seul indicateur stable dans cette tempête est la productivité. SI la productivité baisse, la rentabilité va décroitre, alors que si la productivité est maintenue, le sort de l’avenir se joue uniquement sur la capacité à négocier les hausses de prix, ou mieux les indexations des prix sur des paramètres fluctuants.

Mais trop c’est trop !
Le courant ne passe plus entre nos PME et les annonces politiques

Printemps 2020, un virus que l’on n’attendait pas fait son apparition. Face à une urgence sanitaire, l’état nous demande d’arrêter nos activités du jour au lendemain, quoi qu’il en coûte.

Dans la production, la majorité des PME ont conservé une activité ou se sont réinventées pour produire des besoins essentiels.

Dans les commerces alimentaires et dans la distribution, les acteurs ont assumé leur rôle en poursuivant leur activité.

1 an plus tard, et plusieurs vagues plus loin, l’état se félicite d’avoir sauvé les entreprises à grand renfort de dispositifs. Déjà un sentiment de différence commence à naître chez ceux qui ont continué leur activité et qui, bien souvent, n’ont pas ou peu utilisé les dispositifs. Mais le patriotisme et le sens du bien général de nos chefs d’entreprises l’emportent, sachant que l’économie est un tout et que c’est grâce aux nombreux sauvetages que l’économie va pouvoir repartir de plus belle.

C’était sans compter sur une demande plus forte que la capacité de production et une inflation sur toutes les matières premières, puis en cascade, tous les produits transformés.

Nos entreprises ont pris sur leur marge, ont profité des effets séries d’une demande élevée, se sont adaptées et ont bien souvent transformé leur trésorerie en stock pour faire face aux pénuries à répétition.

Après les inflations sur le poste achat, sont venues les inflations salariales. Après tant d’effort pour survivre à ces deux années de crise, nos patrons de PME, bien conscients que la première valeur de leur entreprise repose sur leurs collaborateurs, ont dû transformer le peu de trésorerie qui leur restait pour soutenir leurs salariés face à cette baisse massive du pouvoir d’achat.

S’il n’y avait pas le drame humain que représente une guerre, nous pourrions presque faire abstraction de celle en Ukraine, tant les conséquences économiques de nouvelles inflations des matières sont presque un non sujet : les mécanismes de renégociation des prix auprès des clients étaient rodés et la gestion des pénuries devenue une habitude, presque de la gestion courante.

Cet été, nos chefs d’entreprises croyaient avoir mérité un peu de repos. L’été, fut chaud, très chaud, avec de tristes records d’incendie. Mais à peine rentrés, c’est une douche froide, voire glaciale qu’ils subissent !

Après la stupéfaction, c’est l’incompréhension.

Comment pouvons-nous entendre autant d’informations contradictoires et à nouveau être plongés dans un climat d’incertitude totale, où les plus optimistes ne peuvent que penser que cette fois ils ne s’en sortiront pas. La France dispose d’une capacité de production électrique surcapacitaire, mais en partie à l’arrêt. L’état renationalise à 100% le principal producteur EDF.

Notre pays, après des années de maltraitance de son industrie, veut relocaliser pour gagner en indépendance et pousse les PME à devenir plus grosses en devenant des ETI.

Notre pays demande à nos agriculteurs et aux industries agro-alimentaires de viser l’autonomie alimentaire.
Notre gouvernement veut taxer les superprofits d’opportunité.

Et face à toutes ces annonces, quelle est la réalité du terrain ?

Pour des raisons totalement spéculatives concernant le prix de l’électricité, nos PME qui doivent renégocier leur contrat énergétique, se voient appliquer des hausses totalement délirantes et insupportables de par leur structure de coût.

Les hausses représentent bien plus que les résultats des entreprises, les condamnant à mettre la clef sous la porte très rapidement. On parle aujourd’hui de près de 150 000 entreprises concernées !

Imaginons un moment que nous nous adaptions, comme nous savons le faire très souvent, pour absorber ces hausses… Il nous faudrait répercuter celles-ci dans nos prix de vente. Mais si tout le monde fait pareil, nous repartons pour un tour d’inflation généralisée en cascade, sans communes mesures avec les précédentes vagues.

Nous devrons additionner la hausse de nos coûts directs énergétiques à la hausse des coûts de matériaux de nos fournisseurs qui en auront fait de même, puis à l’incontournable nouveau tour de table avec nos salariés pour leur permettre de survivre. Sauf que cela n’est qu’une situation européenne…

Nos concurrents, et/ou nos clients asiatiques ou américains ne sont pas exposés aux mêmes contraintes. Donc ils vont pouvoir inonder nos marchés de produits sans les hausses et nous ne pourrons plus rien vendre en dehors de la CEE. Nous allons donc vivre tout le contraire du vœu pieux de souveraineté. Les réactions des marchés sont bien difficiles à anticiper, et sans doute suis-je en train d’élaborer un scénario catastrophe…

A la CPME, nous ne sommes pas de ceux qui réclament des aides ! Nous préférons que l’on nous laisse faire notre travail !

  • Oui nous voulons plus de souveraineté !
  • Oui nous voulons plus d’indépendance alimentaire !
  • Oui nous sommes prêts à engager des moyens pour réduire nos consommations énergétiques !
  • Oui nous voulons soutenir nos salariés, et préférons les voir vivre et s’épanouir de leur travail plutôt que de fermer en série et de les renvoyer vers les aides d’État !
  • Oui nous sommes prêts à faire des efforts supportables pour le bien commun

Mais pour tout cela, les supers profits prévisibles ne doivent pas servir uniquement à protéger en bouclier les particuliers et quelques entreprises répondant à des critères trop élitistes.

Nous attendons donc que les mesures annoncées pour nos entreprises soient actées rapidement, car il est urgent de prendre des décisions !

Dans 3 mois, il sera trop tard, et les supers profits de l’actionnaire d’EDF ne pourront servir qu’à payer les innombrables allocations chômage de nos salariés d’aujourd’hui !

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