l'Edito, par Jérôme LOPEZ, Président de la CPME Isère

Jérôme LOPEZ,
Président de la CPME Isère

 

Une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie de démarrer mon discours en vous racontant une légende amérindienne qui reviendra j’en suis certain en mémoire à beaucoup d’entre-vous, la légende du Colibri…

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou agacé par cette agitation dérisoire lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Si j’ai eu envie de vous rappeler cette légende, c’est parce que j’ai le sentiment que tout au long de ces années que nous venons de passer avec la pandémie, puis les problématiques économiques, sociales, environnementales, nous, patrons de PME, nous avons œuvré à notre échelle, avec nos compétences. Nous avons fait notre part…

Nous avons agi en responsabilités, nous n’avons jamais cessé de prendre des risques, nous avons osé… d’ailleurs notre Président national François ASSELIN dit que « la prise de risques est l’antidote à la crise ».

C’est dans ce contexte que vous venez de me réélire pour un nouveau mandat de trois ans à la présidence de la CPME Isère et j’en suis à la fois honoré et touché.

Honoré parce que c’est une fierté de parler au nom de vous tous, hommes et femmes engagés à mes côtés pour défendre nos PME et nos TPE – ces entreprises au sein desquelles nous sommes investis à 200 % , qui sont un monde à part dont nous avons bien du mal à faire reconnaître la spécificité au plus haut niveau.

Non ! nos PME ne sont pas des grandes entreprises en modèle réduit ! elles ont leurs particularités, leurs codes, et c’est la raison pour laquelle au niveau national la CPME a lancé l’idée d’un « test PME » c’est-à-dire avant toute nouvelle règlementation qui s’impose aux entreprises, tester sa mise en application au sein d’une PME ou d’une TPE.

Honoré je vous l’ai dit, touché aussi parce que la CPME c’est une famille, une famille que l’on a choisie, une famille d’entrepreneurs et en famille, on se soutient, on s’aide dans les moments difficiles, on est solidaire.

La CPME c’est l’assurance anti-solitude du chef d’entreprise !

Dans ces temps chahutés, il est important de rappeler un certain nombre de valeurs auxquelles nous sommes attachés et parmi elles, la valeur Travail qui nous tient à cœur, le droit à la paresse revendiqué par certains ne nous concerne pas mais surtout nous attriste et nous inquiète… Nos PME et nos TPE sont un lieu de vie, un lieu de cohésion sociale, l’entreprise est un bien commun.

Sur le plan de l’actualité, la CPME a été et continue à être très présente dans le débat sur la réforme des retraites et soutient cette réforme. Travailler plus longtemps est indispensable pour sécuriser et équilibrer les finances de notre régime de retraites par répartition dans la durée.

Avec la baisse démographique que nous connaissons en France, c’est une mesure sociale pour s’assurer que les générations futures toucheront le même niveau de pension que la génération qui part aujourd’hui. La réforme vise un retour à l’équilibre dès 2030, ce qui est satisfaisant même si, à la CPME, nous étions favorables à un retour à l’équilibre plus rapide en reportant l’âge légal de départ en retraite à 65 ans.

Mais la réforme ne s’arrête pas là. A la CPME, nous avons soutenu des dispositifs d’équité qui ont été retenus dans le projet gouvernemental et, notamment, la suppression de la plupart des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants. On peut comprendre l’attachement français aux fameux acquis sociaux… Personne n’a envie de travailler plus longtemps. C’est une évidence, mais il faut être conscient que si les générations actuelles refusent toute réforme, ce sont les générations futures qui en pâtiront et risquent de devoir prendre des décisions plus radicales !

Ceci étant dit, la CPME s’assurera aussi que cette réforme s’accompagne d’une amélioration de l’emploi des seniors et d’une meilleure prévention de la santé au travail. Sur ce sujet, comme pour bien d’autres, la CPME a démontré une nouvelle fois qu’elle pratique non pas un syndicalisme d’opposition mais un syndicalisme de propositions.

Nous préférons et de loin, travailler en mode projet, plutôt qu’en mode rejet.

A ceux qui aujourd’hui veulent mettre à genoux l’économie française, je vais oser le terme d’irresponsables… les risque rien face aux risques tout que nous sommes…

Au fil des années, le droit de grève s’est transformé en droit d’atteindre à la liberté de ceux qui veulent travailler. Pendant qu’ils bloquent les routes, les transports, les raffineries, nos salariés eux sont au travail. Au sortir de la pandémie, notre pays n’a pas les moyens de se retrouver paralysé.

Aujourd’hui la France est désormais le pays qui a la dette publique la plus importante d’Europe, celle-ci pourrait dépasser les 3 000 milliards d’euros en 2023. Ce déficit de l’Etat ne peut qu’interpeller et inquiéter les chefs d’entreprise que nous sommes à qui l’on demande une gestion exemplaire avec des charges qui augmentent sans cesse.

J’en veux pour preuve la hausse du coût de l’énergie pour lequel le gouvernement a écouté une partie de nos revendications et a réagi en déployant plusieurs mécanismes comme la prolongation et l’extension du bouclier tarifaire à certaines TPE, la création de l’amortisseur électricité et plus récemment, l’installation d’un tarif garanti pour les TPE.

Néanmoins, bon nombre d’entreprises ont été fragilisées par les conséquences de la crise sanitaire et l’absorption d’une partie de la flambée des prix de l’énergie va se faire au détriment des marges et grever leur trésorerie. En dépit des aides gouvernementales, certaines entreprises nous le savons risquent d’être mises à l’arrêt et les chiffres connus traduisent une remontée des défaillances d’entreprises en 2022.

Dans ce contexte inquiétant, nous attendons du gouvernement qu’il agisse vite pour changer l’organisation actuelle du marché et stopper l’indexation de l’électricité sur le gaz ce qui vient percuter l’activité de nos entreprises.

Mon discours serait incomplet si je ne vous parlais pas de nos difficultés de recrutement et du sondage réalisé par la CPME nationale en novembre 2022 dans lequel, 53 % des dirigeants de PME cherchent actuellement à recruter et 91 % d’entre-eux rencontrent des difficultés à recruter le bon profil.

Forcément cette situation a un lourd impact sur l’activité de nos entreprises puisque 1/3 des dirigeants refusent des commandes en raison du manque de salariés. Les causes de ces difficultés sont multiples mais elles sont principalement dues à des mouvements de reconversion massifs liés à la période Covid qui ont amené un changement d’état d’esprit en termes d’organisation du temps de travail et de conciliation des temps de vie et de rémunération.

C’est dans ce contexte que notre organisation a défendu lors de la concertation concernant la réforme de l’assurance chômage une indemnisation plus incitative à retrouver un emploi en cas de période de plein emploi.

Plus récemment, la CPME s’est réjouie de la conclusion positive de la négociation ouverte entre les partenaires sociaux sur le partage de la valeur dans les entreprises. La notion de « dividende salarié » n’a pas été retenue et c’était pour la CPME un point essentiel, le dividende caractérisant une modalité de rémunération des apporteurs de capitaux propres. La CPME a plaidé en revanche pour rendre plus accessibles et mieux articuler les dispositifs existants.

Voilà pour ce qui est de notre actualité institutionnelle.

Mais vous me permettrez de revenir un instant sur ce qui motive mon engagement au sein de notre belle organisation. La raison essentielle, c’est celle du collectif. A la CPME, nous formons une communauté solidaire, soudée, qui réfléchit collectivement à des solutions – je parle souvent d’intelligence collective – une communauté qui s’entraide.

Pendant la crise Covid, nous avons été à vos côtés, au quotidien, et ce travail de proximité a permis de vous apporter un soutien efficace.
Cette proximité nous la retrouvons aussi au sein de nos entreprises où nous sommes en contact direct avec nos salariés et proches de leurs préoccupations. C’est aussi pour eux que nous prenons des risques.

Pendant la pandémie, on s’est beaucoup préoccupé de la santé des salariés, beaucoup moins de la santé des dirigeants… Les personnes qui n’ont jamais été confrontées au quotidien du patron de PME, les dirigeants qui ont des structures avec des directions, des dizaines – voire des centaines de personnes autour d’eux – ne connaissent pas la violence et la complexité de l’entrepreneuriat.

Rares sont les moments paisibles dans la vie d’un patron de PME… il doit agir dans l’urgence, toujours, être actif et surtout réactif, être multi tâches, savoir répondre à toutes les interrogations qui lui sont posées dans des délais toujours trop courts.

Malgré tout, entreprendre reste pour moi une aventure humaine formidable…

retour
clear
retour
clear
retour
clear
retour
clear
retour
clear